Égalité Sociale & Diversité

Le Community Land Trust Bruxelles (CLTB) considère le sol comme un bien commun. L’ASBL construit donc des logements destinés à des familles bruxelloises à faibles revenus. Concrètement, elle achète des logements grâce à des subventions de la Région de Bruxelles-Capitale et reste propriétaire du terrain, tandis que les occupants deviennent propriétaires de la construction. Grâce à cette méthode, les logements demeurent abordables sans que de nouvelles subventions soient nécessaires. Le CLTB brise ainsi le cercle vicieux de la pauvreté à travers une approche participative.

Un modèle anglo-saxon

Le CLTB est le fruit d’une initiative citoyenne qui, en 2008, a décidé d’importer à Bruxelles le concept de logement anglo-saxon de « community land trust ». « Ce modèle, jusqu’alors inconnu en Belgique, apporte une réponse aux problèmes de logement et de pauvreté dans les grandes villes tout en assurant une gestion durable des aides publiques », explique Geert De Pauw, coordinateur du CLTB. En 2012, la Région de Bruxelles-Capitale a accordé une subvention pour l’achat du premier bâtiment grâce à une étude de faisabilité convaincante. Les premiers occupants se sont installés dans les neuf nouveaux logements de CLTB en 2015. À la mi-2017, on compte une centaine de logements et quatre infrastructures collectives en construction. CLTB fait désormais figure d’exemple pour d’autres associations en Belgique, mais aussi dans le reste de l’Europe.  

Un sentiment d’appartenance

L’un des objectifs centraux du CLTB consiste à stimuler le sentiment d’appartenance, la solidarité et la cohésion sociale. Les groupes d’occupants multiculturels sont déjà constitués avant la pose de la première pierre afin que chacun ait sa place. Un multiculturalisme qui est à la fois un atout et un défi. Les occupants jouent un rôle central dans le développement du projet et c’est donc avec plaisir qu’ils en assurent la gestion par la suite. Lorsque le site le permet, tous les groupes d’habitants disposent d’un jardin et d’un espace collectifs, ce dernier faisant office de lieu de réunion ou de détente.  
 

L’hôtel brugeois ‘t Roodhof est à la fois un hôtel deux étoiles et un projet de réinsertion socio-professionnelle de l’asbl Loca Labora pour une trentaine  de personnes généralement exclues du marché “classique” du travail. L’hôtel leur offre une opportunité d’épanouissement personnel et professionnel et des perspectives d’avenir. Le but ultime de l’Hôtel ‘t Roodhof est l’intégration sociale de ses employés, qui vivent souvent avec une étiquette qui se réfère plutôt à ce qu’ils ne savent faire pas qu’à ce qu’ils peuvent faire. Le restaurant propose des produits locaux et souvent bio.

Etiquette

« Généralement, nos collaborateurs ont été étiquetés sur base de ce qu’ils ne pouvaient pas faire. Nous, nous nous concentrons sur leurs potentiels aujourd’hui », indique Paul Vaernewyck de ‘t Roodhof. « La question qui nous préoccupe est de savoir comment leur donner la force qui leur permettra de devenir rapidement maîtres de leur destinée et de s’intégrer. Ces personnes nous motivent et nous sommes fiers de notre service hôtelier. »

Autobus à la demande

L’hôtel tente de limiter autant que possible son empreinte écologique. C’est ainsi qu’au niveau de la restauration, ‘t Roodhof opte pour des ingrédients frais, régionaux et souvent biologiques. L’hôtel est situé dans un environnement vert, avec un verger d’arbres fruitiers de la région et une prairie pour les moutons. Pour que ‘t Roodhof soit facilement accessible malgré sa situation rurale, un arrêt « Belbus » (autobus à réserver à l’avance) se trouve devant notre porte et notre propre service de navettes assure le transport des collaborateurs et des clients.

Progresser continuellement

Dès l’embauche, chaque collaborateur bénéficie de l’aide d’un accompagnateur qui le suit dans son travail. En collaboration avec les services d’aide spécialisés, ‘t Roodhof cherche également des solutions aux problèmes sociaux, d’organisation du travail, etc. En outre, chaque collaborateur dispose d’un coach qui, dès le départ, élabore un plan d’apprentissage et de formation afin de développer ses qualifications professionnelles, théoriques et pratiques. Grâce à une étroite collaboration avec le secteur hôtelier brugeois, ‘t Roodhof essaie d’offrir à ses collaborateurs des opportunités pour progresser continuellement et rejoindre d’autres employeurs.

La notion de circuit court et de production locale écologique peut également s’appliquer aux produits d’hygiène et d’entretien domestiques. C’est avec cette conviction que la Droguerie Sociale et Écologique a été créée en 2010 à Auderghem par des bénévoles de la Croix-Rouge. Ils y proposent à un public fragilisé des ateliers où l’on apprend à fabriquer, de manière écologique et économique, des produits d’entretien domestiques. Ils organisent également des formations pour permettre le développement de tels ateliers au sein des CPAS.

Un retour aux sources

En Belgique, un ménage moyen dépense environ 250 euros par an pour l’achat de produits de nettoyage, souvent toxiques et polluants. Une somme hors de portée des familles fragilisées et un coup de poing pour l’environnement. Pourtant, le vinaigre blanc, les cristaux de soude, le savon de Marseille et les huiles essentielles sont quelques-uns des produits basiques sains et peu onéreux à partir desquels on peut confectionner des produits d’entretien de qualité (lessive, liquide vaisselle, détartrant, etc.). Partant de ce constat, la Croix-Rouge d’Auderghem a eu l’idée de développer des ateliers où l’on peut  réaliser soi-même ses produits ménagers naturels. « Grâce à ces formations, les familles peuvent diviser par cinq leur budget ‘entretien’, en le ramenant à 50 euros par an », souligne Luc Swysen, en charge du projet.

Des ateliers qui s’auto-financent

Destinées au départ aux plus précarisés, ces formations se sont ouvertes à un public plus large en 2012, qui paie 20 euros l’atelier. « Cet argent permet d’accorder la gratuité des formations aux personnes précarisées de la commune d’Auderghem, ce qui permet  au projet de s’auto-financer, ajoute Luc Swysen. Ce mélange de publics encourage également les échanges interculturels, intergénérationnels et intersociaux qui sont notre fierté. » Pionnière, l’initiative de la Droguerie Sociale et Ecologique commence déjà à faire des petits dans les autres communes de la capitale. Fin 2013, elle a poursuivi son développement avec de nouveaux ateliers pour la confection de produits d’hygiène corporelle.

Les Grignoux se revendiquent depuis plus de trente ans comme une entreprise culturelle d’économie sociale. Elle gère aujourd’hui 3 cinémas d’art et d’essai qui totalisent 450.000 entrées annuelles, 3 galeries d’art, un café et une brasserie.

Sa raison d’être : proposer au public « une réplique à la diffusion de la culture dominante ». Elle présente des films engagés en lien avec des thématiques sociales, économiques ou environnementales destinés notamment aux écoles et aux milieux populaires. L’ensemble du personnel, au total une centaine de travailleurs, participe à l’autogestion de l’asbl.

“Notre originalité tient à la fois dans l’utilisation du cinéma comme outil d’ouverture, de sensibilisation et d’échanges culturels, mais aussi dans la forme de gestion participative qui permet d’impliquer l’ensemble des travailleurs dans le projet.” (Pierre Heldenbergh, co-administrateur des Grignoux).

« Nous croyons fermement à la force des gens. Nous essayons de repérer leurs capacités afin de les développer en offrant du conseil et des formations, jusqu’à ce qu’ils se sentent prêts à faire un pas concret dans le secteur du logement, de l’emploi ou encore de l’entreprenariat.» (Erwin De bruyn, Stebo).

L’histoire de Stebo remonte à l’époque des cités minières de Genk, lorsque de nombreuses personnes aux nationalités les plus diverses ont commencé à s’y installer. Toutes avaient leur propre identité culturelle du logement,. Le fabuleux patrimoine architectural risquait d’en pâtir . Stebo, à l’origine une petite asbl qui englobait et soutenait l’action de proximité à Genk, a alors proposé une idée innovante :, instaurer, en collaboration avec la Ville de Genk, des règles permettant aux habitants de rénover leur maison tout en faisant des économies d’énergie, et sans toucher à l’identité du quartier. Résultat : les personnes aux revenus les plus modestes pouvaient réaliser leur rêve tout en augmentant la valeur de leur maison ! Cette approche globale – combinant l’assistance sociale à des solutions économiques concrètes – a servi de modèle dans les autres domaines dans lesquels Stebo est s’est développé  : le logement, l’emploi, la formation, l’entreprenariat, l’énergie et la société.

« Notre entreprise a créé un patrimoine de près de 9 millions d’euros, qui est géré par l’assemblée générale des travailleurs dans le respect du but social de l’association. Un modèle qui a permis de créer 10 emplois par an depuis 30 ans.» (William Wauters, Président de Terre).

Créée par une poignée d’amis en 1949, Terre est issue d’un mouvement de solidarité envers les plus démunis. Son action, locale au départ, s’oriente ensuite vers l’international : dans les années 60, l’asbl organise de grosses opérations bénévoles de ramassage de vieux papiers, vêtements et métaux dont la vente aux récupérateurs permet de financer la mise en place de projets industriels dans des pays en développement. En 1973, le premier choc pétrolier les ramène plus près de chez eux, la crise ayant entraîné des milliers de personnes au chômage. Une seule ambition anime alors l’équipe de Terre : offrir un travail au plus grand nombre. En soixante ans, le groupe a créé plus de 300 emplois ouverts en priorité aux “exclus”: profils peu ou pas qualifiés, handicapés, personnes ne maîtrisant pas la langue, etc. Toujours active dans les secteurs de la récupération (réutilisation et recyclage) et dans la solidarité Nord-Sud, l’entreprise s’est inscrite dans la mouvance du développement durable, prenant en compte les enjeux sociaux, économiques, environnementaux mais aussi démocratiques, puisque son modèle entrepreneurial s’est immédiatement basé sur une gestion participative que l’on ne rencontre nulle part ailleurs.

Sociologue de formation et riche de plus de 15 ans d'expérience comme responsable de conseillers en accompagnement professionel au FOREM, Florence Lejeune a d'abord travaillé pendant 4 ans comme responsable administrative du personnel aux Ateliers du Saupont, avant de devenir directrice de cette entreprise de travail adapté en 2014.