Gérer les risques et adapter notre soutien : les fondations face aux nouvelles menaces

Cette neuvième rencontre a eu lieu les 28 et 29 mars 2019 à la Fondation de France (Paris) et a été facilitée par Barry Knight (Directeur Exécutif, CENTRIS et conseiller du Global Fund for Community Foundations - UK) et Eric Berseth (Co-Fondateur et Directeur Exécutif, Philanthropy Advisors).

Les fondations européennes ne peuvent se permettre d’être passives face à la montée de la fracture populaire et l’extrémisme politique qui menacent nos sociétés et l’environnement dans lequel se déploie la philanthropie. Aucun pays n’est immunisé contre le risque de rétrécissement de l’espace civique et démocratique, les attaques contre des médias indépendants et de qualité, les manipulations du débat public, la xénophobie croissante, la disparition du rêve européen ou les attaques contre la solidarité entre les peuples.

Des discussions approfondies ont eu comme point de départ la présentation de 5 exemples inspirants d’initiatives de terrain qui répondent à ces menaces de manière stratégique. Au sein d’un cercle d’échange mutuel de haut niveau, cette table ronde a examiné ce qui peut être fait pour s’attaquer aux causes profondes du problème et permettre à la philanthropie de prospérer dans cet environnement de plus en plus menacé.

  • CAF – Charities Aid Foundation (Michael Mapstone, Directeur International): Prêt pour le futur : gérer les risques afin de créer un environnement favorable à la société civile. Comment CAF aborde les changements globaux pour faire face aux risques auxquels la philanthropie et la société civile sont confrontées et analyse les opportunités et risques que les nouvelles technologies peuvent (et vont) représenter.
  • Act On Your Future Foundation (Keyvan Ghavami, Co-foondateur et Directeur Exécutif) : Utiliser l’art au niveau local comme pratique innovante pour promouvoir les valeurs démocratiques et l’intégration des réfugiés
  • Reporters Sans Frontières (Christophe Deloire, Directeur Général et Secrétaire Général) et la Fondation de France (Martin Spitz, Responsable des Solidarités Internationales, Urgences, Economie solidaire et Environnement) : Deux initiatives de défense de l’information et du journalisme de qualité: le Pacte sur l’information et la démocratie et la Journalism Trust Initiative
  • Open Society European Policy Institute (Natacha Kazatchkine, Responsable d’équipe – Politiques Internes de l’UE) : Comment soutenir le travail aligné sur la mission et le soutien aux bénéficiaires dans un contexte d’attaques frontales par un gouvernement hostile : défis et leçons tirées des travaux de l’Open Society Foundation sur et en Hongrie
  • Ariadne (Julie Broome, Directrice) : Les Prévisions annuelles pour le secteur du changement sociétal et des droits humains, ainsi que la première étude sur la réponse de la communauté philanthropique face à la discrimination et la hausse de la violence et la nécessité d’une plus forte inclusion et d’une meilleure compréhension culturelle

Conclusion de la Table ronde

Extrait du rapport final préparé par Barry Knight. La version complète du rapport est réservée aux participants de la Table ronde.

La table ronde a montré que la philanthropie fait l'objet d'attaques sérieuses et qu'elle doit y répondre, à la fois en se défendant contre ces attaques, mais aussi en se réformant pour qu'elle soit digne de jouer un rôle dans la construction de l'avenir.

La philanthropie occupe une position privilégiée. Elle doit reconnaître cette position et agir avec humilité pour s'intégrer à la société plutôt que de s'en désintéresser. Il y a beaucoup à faire pour repenser les principes de base de notre travail afin que, selon les mots de Michael Mapstone, il puisse « créer un chaos stratégique et créatif » et être une « force favorisant un activisme désordonné et puissant » afin qu'un monde meilleur puisse émerger. Cela signifie qu’il faut reconnaître qu'il s'agit d'un secteur et qu’il faut s'organiser pour savoir quel est son rôle individuel et collectif. Cela signifie que la philanthropie doit repenser son langage afin de pouvoir communiquer avec le reste du monde.

La philanthropie doit devenir moins prudente, plus audacieuse et prendre plus de risques. Le monde est de plus en plus rapide, de plus en plus complexe et conflictuel.  Les gens ont de plus en plus tendance à se rassembler dans leur propre chambre d’écho et à cesser d'écouter quiconque en dehors de celle-ci.

La démocratie représentative est en crise. Aujourd'hui plus que jamais, les personnes et les organisations ont besoin de « tiers de confiance ».  Les fondations sont bien placées pour organiser des espaces neutres où l’on puisse débattre en toute sécurité et qui favoriseront la diversité (entre les cultures et les générations). Une telle approche pourrait contribuer à « décloisonner » la société, en accueillant la diversité du dialogue sans chercher à le maîtriser. Les organisations de la société civile peuvent accueillir favorablement l'idée que les fondations assument ce rôle. La philanthropie a la capacité de réfléchir en se projetant plus loin. Certaines idées audacieuses mettent du temps à se concrétiser, en particulier dans des domaines comme les nouvelles formes de démocratie et de citoyenneté. C'est un marathon, pas un sprint.