Transport & Mobilité

Quels sont les impacts de la pratique du vélo sur les émotions et le vécu des femmes cyclistes à Bruxelles ?

Constatant que la pratique de la mobilité cyclable est le plus souvent traitée sur le plan de l’efficacité technique et sans spécificité de genre, Roxane Degrez est partie à la rencontre d’une dizaine de femmes cyclistes pratiquant régulièrement le vélo à Bruxelles, qu’elle a interviewées et enregistrées au sujet de leurs sensations, émotions et pensées pendant leurs déplacements. Souvent intimes et profonds, leurs témoignages ont été compilés dans l’épisode « Dans la roue des émotions » du podcast « Le Cœur à Vélo »,disponible sur différentes plateformes d’écoute. À travers ce travail, résolument destiné à l’empouvoirement des femmes et à la promotion de la pratique cycliste à Bruxelles, apparaît une expérience dichotomique du vélo. Immergées dans le trafic, les femmes ont tendance à être vigilantes et à anticiper les accidents mais, sur des sites cyclables protégés, elles « font le vide », profitent de l’environnement, réfléchissent et résolvent des problèmes.

A télécharger : Mémoire Roxane Degrez

How to radically reduce air travel emissions for student mobilities? UCLouvain case study

La mobilité étudiante est souvent considérée comme une expérience utile aux cursus des étudiant·es et, par ailleurs, l’aviation est tenue de contribuer à l’effort général de décarbonation. C’est au cœur de ce paradoxe que se situe le travail de Ségolène D’Hooghe. Celle-ci a d’abord cherché à mieux connaître, via questionnaire, la mobilité aérienne (destination, objectifs…) des étudiant·es de l’UCLouvain. À partir des 135 réponses reçues, elle a élaboré divers scénarios alternatifs prévoyant, par exemple, une relocalisation des destinations Erasmus dans un rayon de 1.500 km autour de l’UCLouvain, ou encore un quota de deux tiers de destinations intra-européennes pour limiter les émissions de GES. L’effet de ces scénarios a été quantifié. Diverses contraintes institutionnelles de l’UCLouvain, présentées par le Vice-doyen aux relations internationales, ont été intégrées à l’analyse. Le travail se termine par une proposition de transport alternatif : la création de « bus Erasmus », peu onéreux et moins polluants, en collaboration avec d’autres universités.

A télécharger : Mémoire Ségolène D’Hooghe
 

Bram Vermeulen, étudiant à l’UGent, est le fondateur de Thermo-Light, un phare (arrière) qui améliore la visibilité des cyclistes. Au sein de l’incubateur de l’UGent, Durf Ondernemen !, il est coaché par Tom Van Damme.

Aux Pays-Bas, 23 % des victimes de la route sont des cyclistes. La majorité des accidents sont dus à une mauvaise visibilité dans la circulation. Les causes les plus fréquentes de cette mauvaise visibilité sont des batteries vides, des dynamos qui fonctionnent mal sous la pluie ou un simple oubli, le cycliste prenant la route sans penser à brancher ses feux. Le projet Thermo-Light résout tous ces problèmes. Son caractère innovant réside dans le fait que ce phare utilise la chaleur corporelle, reste allumé à l’arrêt et n’utilise pas de pile. La chaleur corporelle est transformée en électricité qui peut ensuite être consommée directement. Il s’agit donc d’un choix écologique et durable par rapport à la majorité des autres phares pour vélo.

"Avec ce projet Thermo-Light, je souhaite réduire le nombre élevé de cyclistes tués sur la route, mais aussi la pollution générée par le secteur des piles. En tant qu’étudiant-entrepreneur, j’apprends à bâtir un réseau, c’est l’occasion idéale d’apprendre à connaître le monde des entreprises en faisant ses propres expériences. Maintenant, j’aborde avec un intérêt renouvelé des matières dont je pensais qu’elles ne me serviraient jamais à rien, car j’ai pu constater à plusieurs reprises leur importance dans l’économie réelle. La bourse de la Fondation pour les Générations Futures m’aidera principalement à accélérer la phase de R&D et à faire appel à des experts."

Thermo-Light remporte une bourse de prototypage de 5000€.

C’est une première en Belgique : un vélo au cadre 100% bois provenant de la forêt de Soignes voit le jour. Trois jeunes entrepreneurs belges - coachés par Hugues Dethienne au sein de l’Yncubator - osent le pari d’une mobilité douce en circuit court, en alliant savoir-faire artisanal et ingéniosité technologique. C’est en pionniers qu’ils lancent désormais ce produit sur le marché. Ses composants haut de gamme en font un vélo passe-partout, durable et robuste, pour un poids ne dépassant pas les 12 kg.  

L’équipe est constituée de 3 passionnés de vélo qui se sont retrouvés autour d’une envie : proposer un produit local, performant et durable. Avec leurs compétences variées, Simon Malvaux et Johan Triquet - tous deux bioingénieurs diplômés de Gembloux Agro-Biotech - et Loic Houtard - ingénieur industriel diplômé de la KUL Vlerick - sont déterminés à se faire une place sur le marché florissant du gravel en Belgique.

"N’y a-t-il pas un paradoxe dans l’importation de matières premières de provenance lointaine pour un produit censé favoriser une mobilité douce, dans le respect de l’environnement ? Ne dispose-t-on pas de matières premières de qualité en Belgique? Ne serait-il pas possible de construire des vélos plus durables. Ces questions nous ont poussés à réfléchir, à innover et à designer et fabriquer des cadres de vélos performants en utilisant ce matériau local et renouvelable que nous connaissons si bien : le bois.
La bourse de la Fondation pour les Générations Futures nous aidera à avancer sur nos prototypes et à designer des nouvelles pièces, spécifiques à nos vélos, qui ne sont pas présentes sur le marché." 

ZAFI Cycles remporte une bourse de prototypage de 5000€.

Casimir Morobé a rédigé sa thèse sur l’apprentissage automatique auprès de la CMB, la Compagnie maritime belge, et lorsque cette technologie a révélé tout son potentiel pour les économies d’énergie dans ce secteur, il a décidé de fonder Toqua sous la houlette des coachs de Durf Ondernemen!. Très vite, Toqua a été sélectionnée pour le programme d’accélération imec.istart.

Toqua souhaite transposer l’apprentissage automatique dans le secteur de la navigation et dans des applications destinées à réduire la consommation de carburant. Les méthodes de mesure utilisées actuellement sont obsolètes et procèdent à certaines simplifications qui empêchent de tenir correctement compte de l’effet de la météo (vagues, vent, courant, etc.) et des conditions de chargement. En réunissant les données IdO des bateaux et des données satellitaires sur les conditions atmosphériques au sein d’un même modèle d’apprentissage automatique, Toqua parvient à modéliser presque parfaitement le comportement de ces bateaux, ce qui permet aux décisionnaires des compagnies maritimes de se baser davantage sur des données dans leur travail, avec à la clé 6 % d’économies de carburant en moyenne.

Casimir : "Pour nous, SE'nSE atteste du bien-fondé de notre projet. L’ensemble du processus de candidature nous a forcé à nous poser les bonnes questions et à chercher des solutions aux lacunes que le jury avait repérées dans nos idées. Nous avions déjà reçu un premier feedback du comité de sélection du Fonds Albert Vanhee pour les Générations Futures*. Celui-ci nous avait permis de faire évoluer notre projet, avant de soumettre notre candidature pour un prêt SE'nSE. Le trajet d’apprentissage au travers de ces deux sélections, réussies, s’est révélé très précieux et a fait évoluer notre entreprise. Il est aussi très important pour nous que ceux qui nous financent partagent nos valeurs de durabilité et continuent de les soutenir, et avec SE’nSE, nous pouvons en avoir la certitude absolue."

* Début 2021, Toqua a également décroché une bourse de prototypage d’un montant de 5000 €, grâce au Fonds Albert Vanhee de la Fondation pour les Générations futures.

Tristan Ryckaert, Stef Crols et Florens Denys, étudiants en conception de produits industriels à la Howest ont fondé Tillup. Ils sont coachés par Howest Start-Up School et Start@K à Courtrai.
Ce studio d’écodesign a inventé un tissu d’emballage écologique : il est entièrement réutilisable et vise à remplacer le film plastique auquel de nombreuses entreprises ont actuellement recours.
Ce film plastique sert à envelopper complètement la charge d’une palette. Après le transport, il doit être retiré et mis au rebut. A lui seul, il peut représenter jusqu’à 30 tonnes de déchets par an. C’est ce que l’équipe de Tillup a découvert dans une étude menée au sein d’une entreprise de travail adapté.

Le tissu d’emballage de Tillup est fabriqué à partir d’un flux de déchets constitué de bannières publicitaires et de bâches de chantier.
Il s’agit d’un matériau résistant qui possède un cycle de vie très long, si bien que le produit peut être réutilisé un grand nombre de fois. Cette innovation est née à la suite d’un problème qui s’est posé au sein d’une entreprise de travail adapté ; l’ergonomie a donc été prise en compte lors de sa conception.

L’objectif de Tillup est d’entamer la commercialisation de ce tissu d’emballage à la fin de l’année 2021. Il sera disponible à la location ou sous la forme d’un abonnement.

Tristan, Stef et Florens : "Au terme de l’analyse réalisée dans une entreprise de travail adapté, nous avons été confrontés à la quantité énorme et absude de film d’emballage qui était tout simplement jeté. Il fallait une solution, mais il n’existait presque rien sur le sujet. Nous avons donc décidé d’en chercher une de notre côté. Nous avons fondé une entreprise sous notre statut d’étudiant qui nous a donné l’occasion de nous concentrer pleinement sur ce projet. Nous avons également été bien soutenus parce que nous restions étudiants. Grâce à la Fondation pour les Générations Futures, nous pouvons aujourd’hui continuer à nous focaliser entièrement sur la mise au point de l’alternative parfaite. Les premiers exemplaires pourront être testés beaucoup plus rapidement."

Tillup remporte une bourse de 5.000€.

Le boom de l’e-commerce et des petits colis à Bruxelles : pistes pour un contre-modèle à Amazon et consorts

Le travail de Mathilde Hombrouck porte sur la logistique de livraison des petites marchandises au sein des villes intelligentes (smart cities) et, plus particulièrement, sur la réduction des impacts sociaux et environnementaux liés au « dernier kilomètre ». Celui-ci est connu comme une source importante de pollution et d’encombrement. Grâce à deux enquêtes d’opinion menées auprès de la population bruxelloise et une dizaine d’interviews d’acteurs clés du secteur, l’auteure propose une alternative basée sur la garantie de monopole accordée à un seul transporteur et sur la limitation de l’e-commerce à Bruxelles et à sa périphérie immédiate. Ce modèle reposerait sur diverses adaptations pratiques : recours croissant à des vélos-cargos ou des fourgonnettes électriques (à terme, au gaz ou à l’hydrogène), installation de boîtes à colis individuelles et de consignes automatiques, création de corridors verts... Le tout, sur fond de conscientisation de la population sur les effets pervers des achats impulsifs.

Mémoire Mathilde Hombrouck (PDF)