Alimentation

Rationner l’alimentation : une piste à suivre face à la multiplication des défis environnementaux ?

Le changement climatique, mais aussi l’érosion de la biodiversité, la raréfaction de l’eau potable et la pollution des sols font peser de lourdes hypothèques sur la sécurité alimentaire. Le rationnement peut-il être une solution ? Le travail de Lara Vanderstichelen tente de répondre à cette question. L’auteure analyse d’abord cinq politiques – anciennes ou contemporaines – de rationnement alimentaire, mettant en évidence leurs points faibles récurrents. Dans une approche résolument prospective, elle imagine ensuite trois modèles possibles de rationnement pour l’avenir, en s’inspirant de quatre dispositifs récents de contrôle de la consommation de carbone à des fins environnementales. Elle en expose les principales limites (juridiques, économiques, politiques) dans une société d’abondance. Les obstacles culturels (la représentation des contraintes, notamment environnementales) ne sont pas oubliés, amenant l’auteure à rappeler les liens étroits entre les notions de rationnement et de solidarité.

> A télécharger : Mémoire Lara Vanderstichelen (PDF)

Casser les clichés sur les groupes sociaux défavorisés dans les discours sur l’alimentation durable

Le travail d’Emy Scheer s’intéresse aux pratiques et aux représentations des publics précarisés vis-à-vis de l’alimentation durable. Il prend racine dans un stage chez Espace Environnement asbl mené dans la foulée d’un projet européen d’éducation permanente (AD-In). Ce mémoire revisite trois grands aspects de l’alimentation durable (le bio, le local et de saison) de même que les thèmes du gaspillage et de la consommation de viande, mais avec l’originalité de se placer du point de vue d’un public précarisé, rarement considéré par les discours écologistes classiques. Menée par entretiens compréhensifs, cette étude a permis d’identifier l’existence effective de pratiques durables, bien que celles-ci soient généralement masquées par des discours plus pragmatiques et personnels (goût, santé, économie…). Plus largement, ce travail plaide en faveur d’une vision plus inclusive consistant à « dés-invisibiliser » le public précaire des discours sur l’alimentation durable et à le faire sortir du stéréotype de public « non éduqué » sur cette thématique.

> A télécharger : Mémoire Emy Scheer (PDF)

PachaGreens est une ferme urbaine, située en région gantoise, spécialisée dans la culture de micro-pousses. Ces micro-légumes, ou graines germées, ont depuis longtemps leur place dans le monde culinaire. Les chefs les convoitent pour leur grande valeur décorative et leur saveur. Leur potentiel est pourtant beaucoup plus large, ces micro-pousses étant faciles à utiliser et pouvant s’intégrer, sous forme de salades par exemple, dans l’alimentation quotidienne. C’est avec cette ambition d’en développer une production nutritive, efficace et durable que Tom De Windt a créé PachaGreens.

Qu'est-ce qui rend une micro-pousse si durable ? Tout d'abord, de nombreuses études ont montré qu'un micro-légume est 4 à 40 fois plus nutritif qu’une variété adulte. En outre, le cycle de croissance ne dure que 10 à 14 jours et ne nécessite que peu d'entretien, aucun intrant chimique, se contentant de lumière, d’une petite quantité d’eau et de chaleur.

En outre, les micro-pousses de PachaGreens sont cultivées à partir de graines biologiques et sur du substrat de fibre de chanvre, une plante très écologique dont les fibres sont faciles à composter. L’impact environnemental positif est favorisé par une production qui combine la culture en serre et la culture verticale en intérieur, dans un système automatisé et contrôlé afin que la surface de culture soit renouvelée fréquemment. Les micro-pousses sont vendues dans des emballages biodégradables, dans un réseau de plus en plus large de détaillants.

Le marché des protéines végétales fraîches en Belgique est très limité, avec un faible nombre de produits disponibles dans l’horeca. Convaincus de la nécessité de développer cette alternative saine et écologique aux protéines animales, Noemi Salantiu et Winnie Poncelet ont lancé Beanlife.

La start-up bruxelloise Beanlife produit et vend du tempeh, un aliment à base de protéines végétales, que ce couple d’entrepreneurs fabrique à partir de soja fermenté selon une méthode traditionnelle indonésienne. Cette méthode offre un tempeh plus savoureux et avec une meilleure texture que les produits végétariens actuellement disponibles en Belgique. Beanlife a également mis au point un tempeh « circulaire », à partir de résidus de l’industrie de la noix.

Quel est l’intérêt du tempeh ? Souvent considéré comme un substitut à la viande plus respectueux de l’environnement : ainsi la culture du soja, principal ingrédient du tempeh classique, génère 5 à 60 fois moins d'émissions de CO2 que la production de viande. Convertir la consommation de bœuf en tempeh, ferait économiser 708.000 kg de CO2 par an ! Également, ses matières premières potentielles (soja, noix, haricot noir), en font un aliment protéique de base qu’on peut entièrement produire de manière biologique en Belgique. Enfin, le tempeh est un aliment sain, riche en protéines, en fibres, en vitamines et très digeste. Il permet une grande diversité d’utilisations culinaires, comme le démontre les partenariats que Beanlife a initiés avec divers acteurs de la restauration.

L’expérience de Winnie et Noemi leur permet d’identifier un champ d’innovation au large potentiel : plus de produits, moins d'emballages, moins de déchets, plus de partenariats pour façonner l'avenir.